Libârté!
Les deux auteurs d'un rapport de recherche élaboré pour le compte du Centre d'étude sur les médias de l'Université Laval publiaient quelques conclusions dans Le Devoir:
[...] la grande majorité des auditeurs a affirmé ne s'être jamais intéressée aux questions politiques (même à celle de la liberté d'expression) avant que la menace de fermeture de la station ne soit présentée sous cet aspect.
[...]
De plus, cette dépolitisation s'accompagne, du point de vue culturel, de la participation active des auditeurs à ce que nous qualifions de «société des loisirs» : les divertissements tels que le cinéma et la musique à la sauce américaine ainsi que les médias populistes arrivent au premier rang dans le choix des auditeurs. En outre, ils sont aussi de très bons consommateurs d'activités récréatives, notamment celles liées à la station CHOI-FM, et ils s'identifient fortement à la publicité et aux marques dont la station fait la promotion.
Bref, l'attrait politique et les questions d'intérêt public ne sont que secondaires dans l'économie d'ensemble du mode de vie, en tout point axé sur la culture de la consommation de masse, de l'auditoire mobilisé dans cette cause.
Mimétisme
Pour ce qui est du voile politique que revêt ce phénomène, il s'explique par le fait que le discours des auditeurs est en tout point le reflet de celui des animateurs.
Ce mimétisme s'est confirmé lorsque nous avons interrogé les auditeurs sur les opinions sociales et politiques qu'ils défendaient : en effet, en ce qui a trait au volet social et politique, les réponses qu'avançaient les auditeurs ainsi que leur signification étaient systématiquement limitées à celles que nous pouvions entendre sur les ondes le matin, le midi ou dans les jours précédant les entrevues.
[...]
Le fait le plus remarquable que nous ayons relevé dans cette affaire est que le discours auquel adhèrent les auditeurs exerce une emprise extrêmement forte chez eux. Même si le contenu discursif est éphémère, le laps de temps pendant lequel ils y adhèrent, si court soit-il, les captive et les fascine : il les mobilise. Cette observation permet de montrer du doigt un phénomène de société qui n'a cessé de prendre de l'ampleur ces dernières années : l'alliance entre une nouvelle forme de populisme et les médias de masse, qui exploite un ressentiment de plus en plus grand de certaines couches sociales à l'endroit des grandes institutions publiques.
À ce titre, la ville de Québec semble être un véritable laboratoire au chapitre de cette nouvelle tendance de fond qui traverse beaucoup de démocraties occidentales.
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