Penser solidement
Il fallait le faire, tout de même ! Déformer l’esprit et la lettre de ses propos par une manchette pareille à la toute veille d’une élection partielle et au moment où Denis Lessard publiait des révélations puantes sur les manœuvres du cabinet Charest autour de la manipulation de l’échéancier des hausses de tarifs prévisibles à la SAAQ (La Presse, 10 avril). C’est tout à fait l’esprit Gesca, ce parti pris pour la mise en scène, pour le sensationnalisme dépresseur, pour le rabaissement systématique de tout ce qui peut donner de l’altitude aux aspirations de notre peuple.
C’était un article moche, qui a déclenché la mécanique infernale mais combien prévisible d’une tempête médiatique dans laquelle s’est laissée ballottée une presse écrite et électronique paresseuse et aussi médiocre qu’à l’accoutumée. Le petit cercle des scribouillards et des jaspineux de studio s’en est donné à cœur joie. C’était de la radio facile, du jaunisme de pisse-copie, de la télé-poubelle, nous avons eu droit à la totale. On attend avec fébrilité le prochain numéro du Trente, le canard de la confrérie, pour lire les articles de fond sur la gestion journalistique de ce grand niaisage téléguidé et qu’ils ont été nombreux à vouloir nous faire prendre pour un vrai débat.
[...]
Délibérément ou pas, Gesca a cherché, avec cette manchette frelatée, à donner une forme plus vraisemblable à une figure idéologique que les inconditionnels du Canada appellent désespérément. C’est la figure du repenti que La Presse cherchait à construire en déformant la pensée de Michel Tremblay. C’est ce qui explique la une, ce sensationnalisme, la disproportion du fait et de son traitement. Voilà pourquoi il a été présenté comme un trophée de chasse, brandi comme une icône de la renonciation.
La figure du repenti, Robert Laplante, 17 avril 2006 via-1 Vigile
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