Éditorial
La misère de la putain de la rue Ontario, la torture des enfants, la guerre éternelle et illimitée contre un ennemi dont la définition change continuellement… l’emprisonnement et la mise à mort des syndicalistes du Sud, et les lois spéciales du Nord, l’endettement individuel perpétuel – cartes de crédit, prêts étudiants, hypothèques -, le transfert des usines dans les pays colonisés, hier ouvertement, aujourd’hui par la Banque Mondiale… l’air irrespirable des villes, la fonte des glaces de l’Arctique, l’empoisonnement du sol… les morts infantiles, les maladies, les épidémies… les famines, celle d’Afrique, celle en Inde, qui l’an dernier a poussé des dizaines de milliers de cultivateurs au suicide – famines causées par l’imposition d’une agriculture consacrée à l’exportation, ou par des terres surexploitées, comme nos mers... la disparition des poissons, des insectes (êtes-vous allés dans un parc récemment ?)… le policier du tiers-monde, qui bat le travailleur exploité, qui bat sa femme épuisée, qui bat ses enfants… les caméras dans tous les centres-villes, les campagnes contre les « gangs de rue », qui passent mystérieusement sous silence les grandes organisations criminelles qui les emploient, qui elles se paient un maire ou un sénateur…
La honte, la colère et le désespoir des Haïtiens, des Algériens, des Québécois, des Tunisiens, des Lettons, des Français, des Beurs, des Palestiniens, des Tchéchènes, des Mayas, celle des progressistes et même celle des réactionnaires…
Toutes ces choses forment l’État actuel de l’Humanité, et de la planète à laquelle elle appartient. Une crise dont nous ne sortirons qu’en comprenant la cause profonde du mal qui nous ronge depuis des millénaires, et dont le capitalisme n’est que la phase la plus avancée.
Lequel ?
Nous ne partageons pas. Nous n’écoutons pas. Nous n’entendons que notre peur du manque, et la voix dérisoire des oppresseurs. Mais ces derniers ne sont pas nos adversaires les plus importants. Celui que nous devons abattre, c’est l’oppresseur que nous entretenons nous-mêmes, celui que nous avons appris à recréer par nos paroles et nos gestes. Chacun de nous apprend à être son propre oppresseur. Ce n’est que de cette manière que nous pouvons devenir celui de notre voisin. Nous devons apprendre à être des libérateurs. Ce qui signifie avant tout, et par un travail incessant, se libérer soi-même. L’apprentissage de la liberté : c’est le travail militant.
Le peuple québécois est opprimé. Il l’est par le peuple canadien anglais, même si ce dernier aime croire à sa propre inexistence, et donc à son innocence. Mais nous le sommes aussi, bien entendu, par l’impérialisme américain, qui n’est lui-même que l’expression de l’oppression capitaliste, mondiale celle-là.
Le roi est mort. Bon débarras !, Christian Maltais, 1er juin 2007
Libellés : libération
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