La honte
Il paraît que nous vivons désormais dans une société du savoir. C'est pourtant au succès d'une émission comme Tout le monde en parle qu'on mesure la régression de l'influence réelle du savoir.
[...]
Quelle régression de la culture politique à Radio-Canada que de prendre un objet sur lequel il n'y a pas de débat possible, qui n'est donc pas ouvert à l'opinion parce que, justement, c'est un savoirScusez-la, mais WTF??? Larose fait précéder ce bijou par un paragraphe ahurissant où il fait le constat d'un relativisme total qui empêche toute discussion sur le savoir. Pas de communauté scientifique, que la possibilité pour l'État de dicter ce à quoi le bon peuple peut être exposé
[...]
Quelle honte de faire un spectacle d'un préjugé qui a tellement tué dans l'histoire ! Et quelle honte que Radio-Canada n'ait pas honte ! C'est l'absence de honte qui me fait le plus honte
[...]
Il vient, il arrive, il est sur nous, le monstre qu'engendre le sommeil de la raison.
La télévision de Radio-Canada - La honte, Jean Larose, 8 octobre 2005
[...] l'intellectuel, dans notre civilisation, grâce à la culture et singulièrement grâce à la littérature, [...] a pris le relais des prophètes. [...] [il] définit, pour le présent, la valeur de l'héritage culturel, [...] sa méditation sur la statuaire égyptienne ou Les Pensées de Pascal, autorise un écrivain à se mêler des affaires du monde, à engueuler le tyran, à reprocher au peuple sa légèreté, son aveuglement, sa bêtise - Jean Larose, dans la revue Argument, automne 1999
Dans son texte, Jean Larose [...] se contente de répéter, sur ce ton hautain et pompeux qu'affectionnent les intellos, que la possession de la " haute " culture fonde chez qui la possède une perspective permettant de juger du point de vue de l'héritage humaniste le monde dans lequel on vit et donc de dire leur fait aux puissants.
Le plus drôle, mais je n'ai pas du tout envie de rire, est que notre auteur aboutit alors à cette conclusion que la guerre menée de l'OTAN au Kosovo, qui se déroule pendant qu'il prononce cette conférence sur la responsabilité des intellectuels, est une guerre humaniste et de compassion, une juste nécessité.
Il faudrait au moins être George Orwell pour commenter cela et je suis pour ma part incapable de simplement dire comment on pourrait procéder, ce monsieur et moi, pour avoir une discussion rationnelle sur le sujet dont il parle. Il n'y a donc guère de doute qu'il soit un grand intellectuel puisque toute discussion avec lui est impossible : on ne peut que l'admirer et envier ce précieux savoir dont il est le détenteur.
Comment lui faire comprendre ce qu'est un non-sequitur ? Comment lui dire, gentiment, que les êtres humains qui ne sont pas des intellectuels, quand ils parlent de sujets communs et ordinaires, s'efforcent de ne pas s'auto contredire instantanément et qu'ils y parviennent généralement ? Comment lui faire remarquer qu'il se contente d'ânonner les arguments de l'OTAN en leur donnant un vernis pompier voire en allant plus loin que l'OTAN puisque Larose déplore le refus de nos foudres de guerre d'aller au sol? Comment discuter avec lui de ce qui s'est vraiment passé au Kosovo ? En fait, j'ai toutes les peines du monde à envisager que ce spécialiste de la littérature puisse être capable de simplement considérer qu'il existe une telle chose que des faits et qu'il peut être pertinent de les examiner dans une pareille discussion.
Trahir, Normand Baillargeon
0 Commentaires, commanditaires:
Publier un commentaire
<< Retour au paillasson