Le postmodernisme est un colonialisme, et inversement
La fin de l'histoire
Le Québec et, par conséquent, le Canada sont probablement en train de vivre les années les plus graves de leur histoire. Le zèle délirant des Canadiens anglais pour leur multiculturalisme écartelé, héritage trudeauiste né d'une machiavélique charte des droits enchâssée dans une constitution infamante, laquelle reconnaît et exacerbe toutes les différences sauf la québécoise, devrait nous servir d'alarme. Eux aussi veulent en découdre avec leur histoire, essentiellement basée sur la confrontation de nos deux peuples comme forces historiques.
Le processus de néantisation du peuple québécois est enclenché : le but plus ou moins avoué est de réduire notre nation au statut de communauté culturelle. Le vent de l'époque est de leur côté. Le Canada croit vraiment qu'il est investi d'une mission d'inclusion systématique et que le monde entier le regarde dans un mélange d'admiration et d'excitation. La résistance québécoise ne sera pas tolérée. La fuite en avant les aspire.
On s'est beaucoup moqué de Paul Martin qui s'est exclamé, dans un engouement caricatural : «Le Canada est le premier pays postmoderne.» Il ne s'agissait pas d'une boutade. Il était très sérieux, dangereusement sérieux.
Notre histoire politique, dis-je, est une tragicomédie. Mais le vrai drame est que l'impasse actuelle, de part et d'autre entretenue dans le même refus du réel, nous conduit tout droit au cauchemar d'une vaste comédie où toute la part tragique de ce que nous sommes, la plus importante parce que la plus liée à notre mémoire, la plus garante de notre hypothétique grandeur, serait à toutes fins utiles gommée.
Souveraineté du Québec - L'échec comme fiction, Carl Bergeron, 15 octobre 2005
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