Les temps modernes
Depuis si longtemps que j’ai l’impression que ça n’allait pas bien aller. Le Québec je veux dire. À partir de maintenant; depuis un bout en fait. Depuis si longtemps l’impression que ca n’allait pas bien aller, à partir de maintenant. Puis des périodes de grandes extériorités. Par rapport à tout ça. Jamais pour trop longtemps. Les signes qui s’amplifient.
Comment cela pourrait-il bien aller ?
Nous sommes en position de faiblesse, dominés économiquement sous le dominion canadien, culturellement même, à Montréal. Dans la vie même. La tête basse. Bonne pâte va. Multiperdants, de conquête en annexion en référendums, nous sommes d’un matriarcat; le féminin définit le bien. J’en ai contre le pouvoir, et le féminin ne mérite pas plus la critique, mais parlons 110% franc: le pouvoir féminin n’est pas celui de la révolte, mais de l’acceptation. La révolte est pourtant là, toujours là, elle gronde, et bien qu’elle n’aboie pas souvent, seuls les touristes canadiens parmi ceux qui vivent ici en nient la vérité. Nous somme un peuple de mâles qui grondent et de femelles qui soupirent.
Le féminisme est une pensée bien étrange. Il se donne pour cause de résultats qui sont à l’évidence le fruit lequel des deux guerres mondiales, lequel de la corporatisation, lequel de l’œuvre de femmes courageuses et révolutionnaires, mais résolument antiféministes (Marie Gérin-Lajoie, suffragettes anglaises et U.S.). Tel que pour les (de masse) médias, tel que pour tout, je crois qu’il faut analyser les faits du discours féministe, pas le discours féministe sur le discours féministe. Et je prétend que le discours féministe n’est pas centré sur les faits de l’oppression des femmes, mais sur un modèle social radical, réitéré et sur-souligné, selon lequel les hommes oppressent les femmes. Point. Les hommes ne sont pas opprimés. Point. Je prétend que cette œuvre d’imposition de ce modèle est la raison pour laquelle les féministes se cantonnent dans le MSSS, et fustigent l’éthologie et la psychologie évolutionniste. Voir la vie, sociale, des macaques japonais, la vie de chacune de ces charmantes bêtes dans, et réglée par, ce tout qu’est leur société élimine sec la même possibilité du modèle féministe. Voir leurs cousins des ces villes indiennes qui vivent en groupe séparés, mâles et femelles, et l’horreur pour la survie et la procréation, dans et réglée par leur société, ne fait qu’en rajouter.
Elles sont à l’œuvre, ici. Zoom sur Il va y avoir du sport. D’abord Marie-France Bazzo qui lors de son débat sur Cuba (29 septembre 2006) a qualifié de surréaliste l'affirmation de Jacques Lanctôt sur le financement de RSF par Washington, un fait bien établi [1] [2]; puis a renchéri, qualifiant la participation cruciale de Cuba à la libération de l'Angola de "paradoxale". Les débateurs "anti-Cuba" étaient François Bugingo, président de RSF Canada, et Victor Mozo, auteur de ce récent texte. Quand on prend la parole pour le pouvoir, on peut dire autant de sottises qu'on veut, et être considéré comme intellectuellement dans la norme. Imaginez-vous un dissident écrivant la moitié des conneries de Mozo être publié dans Le Devoir ?
Dans le débat du 6 octobre 2006 sur la possibilité de programmes de discrimination positive destinés aux gars, elle prend une fois de plus parti, avec les mêmes arguments que les anti-affirmative action U.S. Quand on est une femme-féministe, plus de prétention à même un vernis progressiste. Mais il s’agit essentiellement de la prestation de Josée Boileau à cette dernière émission qui demande attention. D’abord aparté sur la dame, indépendante penseuse du Devoir, journal indépendant™. Al Jazeera, principale force de démocratisation des pays arabes, unique source de documentation de nos crimes en Iraq et en Afghanistan, demande une licence à la CRTC, qui lui accordera en exigeant du diffuseur qu'il monitore et censure les propos. Quel diffuseur acceptera ces conditions ? Autant dire qu' al Jazeera est interdite au Canada. Réaction de Josée Boileau ? Des applaudissements. L'indépendance (et son amour du journalisme) lui sort par les oreilles.
Retour au débat. Josée Boileau s’écrie, PAS de barrière aux hommes dans les métiers féminins ! PAS de barrière aux hommes dans les métiers féminins ! Un café de trop ? Jamais je ne l’ai vue colérique, même de très loin, dans tout ce que j’ai entendu d’elle chez Le Bigot. Les barrières aux femmes dans les métiers masculins : les hommes, des pas fins. Les barrières aux hommes dans les métiers féminins : les hommes, des pas vites-vites. Le modèle féministe, toujours lui. Elle poursuit, elle clame, s’exclame, s’esclaffe : « je suis tannée d’entendre que ça va mal avec les gars, c’est pas vrai, je connais des exemples d’hommes qui font des choses ». L’éditorialiste en chef du Devoir peut nous donner des exemples. Wow. Fin de l'émission: on tire des personnes du public, qui donnent leur ‘étoile du match’, habituellement réparties des deux côtés des deux débats. Cette fois, une seule étoile pour le débat en question, pour Josée Boileau : les hommes ont pleins de modèles, les premiers ministres, etc.
LES femmes, DES hommes. La division, sousterraine, in-conscientisable, est le socle du modèle féministe, prétend-je. Le féminisme comme parole des femmes. Des ici comme le les de la première phrase. Inavouable, atavique, inexcusable, mais inévitable. Comme pour nous, notre hébétement devant les jolies filles, toutes les jolies filles, notre ennui des autres, immoral, intolérable.
Des hommes, du pouvoir. Le reste …
Depuis si longtemps l’impression que ca n’allait pas bien aller, à partir de maintenant, donc. Ces jeunes filles en groupe, souvent deux d’entre elles en couple. Le mépris des garçons de celles-ci, joyeusement et vocalement affiché. Le sommet de la pyramide comme seule visée acceptable pour les ‘hétérosexuelles’ de la meute. Atavisme. Une sexualité de harem, qui s'étend. Devient la norme. Le pouvoir se cristallise en des formes nouvelles, mais reconnaissables. L'attirance de l'hétérosexuelle pour le mâle est essentiellement fondée sur l'admiration. Les différentiels du taux de chômage, des diplômes universitaires, de la toxicomanie, du suicide, par genre ? DES hommes, de pouvoir, une société annexée.
Depuis si longtemps l’impression que ça n’allait pas bien aller.
À partir de maintenant, donc.
Le Québec moderne ne s’est donc pas construit sur le roc d’une indépendance réussie, qui aurait justement été l’occasion d’affermir notre appartenance occidentale, mais sur des idéologies accessoires dépourvues de charge fondatrice, comme le féminisme ou la social-démocratie. C’est ce qui donne à notre État cet air si insupportablement vertueux et bon enfant, dissimulant la carence d’une force réelle qu’il n’a pas su acquérir. À Québec, le social et les solutés ; à Ottawa, l’armée et le politique.
Godbout ne va pas assez loin, Carl Bergeron, 10 octobre 2006
Libellés : féminisme
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