Ah! Qu'en termes galants ces choses-là sont mises!
Il faut s'analyser, c'est urgent. Le comportement des québécois est ici aussi important que celui des canadiens.
La première fois que j’ai rencontré cette indifférence linguistique et culturelle, c’est il y a à peu près dix ans. Une amie m’invite à une fête, chez Amy, une cinéaste torontoise qui vit à Montréal depuis sept ou huit années. Elle vient de réaliser un documentaire sur les femmes lesbiennes en Afrique noire. Devant ses amis, elle est fière de dire qu’elle a dû apprendre le swahili pour entrer en contact avec les gens du pays. Impressionnée, je lui demande en français si l’apprentissage du swahili a été ardu, elle me répond : «Sorry?» avec l’air perplexe de celle à qui on adresse la parole dans une langue inconnue. Je lui repose la question en anglais avant de m’étonner : «You’ve been living here for seven years and dont speak french?!» complètement incrédule devant cette curiosité linguistique paradoxale. Elle me répond, sans saisir à quel point sa réponse est ironique : « French… It’s really hard for me!»Merci James. Il manque le dernier paragraphe, lisez-le ;)
Débute alors une conversation animée. La plupart des convives vivent au Québec depuis plusieurs années et ne parlent pas un christ de mot de français ! Le fait que je veuille comprendre pourquoi, s’ils ne peuvent communiquer avec 85 % de la population, ils sont venus s’installer ici, les exaspère. Rapidement, l’un d’entre eux s’énerve : «les francophones sont racistes, nous avons le droit de parler anglais ici etc.» Manifestement, ça le dérange d’être confronté à un manque de curiosité intellectuelle qu’il refuse d’admettre. Le type est musicien, a fait le tour du monde, mange de la bouffe indienne et, pourtant, l’ethnie et la langue Québécoise ne l’intéresse absolument pas.
L’amie francophone qui m’avait invitée à la fête était verte de honte. Elle étudiait à Concordia et était gênée de moi comme une adolescente qui ramène ses amis à la maison. Elle ne voulait surtout pas qu’il y ait de chicane, que ses amis unilingues l’associent à un une lutte linguistique qu’elle désapprouvait. Stéphanie aurait souhaité qu’on admire son amie qui parle swahili sans soulever le fait qu’elle ne parlait pas le français puisqu’après tout c’était son choix et qu’il fallait le respecter.
Depuis, cette histoire se répète inlassablement. Et je continue le combat. Pas plus tard qu’hier, dans un café, rue St Viateur, un type me drague. Il me déclare, en anglais, que j’ai des yeux magnifiques et qu’il aimerait beaucoup m’inviter à souper. Le gars vient d’Halifax, vit à Montréal depuis cinq ans et suit actuellement des cours de chinois… But guess what? Il ne parle pas français! «French is a very difficult», me dit-il. Je lui renvoie alors que le jour où il sera capable de me demander mon numéro en français, je considèrerai son invitation. Il me répond dégoûté que je ne suis qu’une hystérique : «I guess you are P.M.S right now…» se lève et part. Mon amie Nadia, francophone, demeure interdite devant mon intransigeance et me sermonne : «Voyons t’es ben pas fine ! »
Alors que j’ai rencontré, lorsque je vivais à Toronto ou à Vancouver, de nombreux Canadiens anglais curieux du Québec, de notre langue et de notre culture, je ne cesse de rencontrer à Montréal ce genre de francophones qui se nient eux-même et ces anglophones déconnectés qui ont élu domicile in the Plateau. And I just dont get It.
Sorry, I dont speak french! Émilie Dubreuil, 9 juillet 2009
Libellés : canada, colonialisme, québec
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